Module 3: AIDE À LA RÉINTÉGRATION AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE

3.5 Aide à la réintégration psychosociale au niveau communautaire

L’aide à la réintégration psychosociale au niveau communautaire comprend des activités visant à renforcer les réseaux sociaux au sein des communautés afin de donner davantage de moyens d’action aux personnes de retour, et de favoriser l’acceptation de ces dernières dans la communauté. Ces activités sont particulièrement utiles lorsque les migrants ne bénéficient pas de solides liens sociaux dans la communauté où ils retournent, ou lorsque la dynamique communautaire n’est pas propice à leur réintégration.

Outre l’aide au niveau individuel, les structures et réseaux sociaux au niveau communautaire sont importants pour le processus de réintégration psychosociale. Même si les intéressés bénéficient de réseaux sociaux dans leur pays d’origine, il arrive que la dynamique communautaire ne soit pas propice à la réintégration, ou même qu’elle stigmatise les migrants de retour. De plus, l’expérience de la migration peut avoir créé un vide psychologique qui doit être comblé par des interactions avec la communauté et la création de nouveaux contacts au sein de cette dernière. L’aide psychosociale au niveau communautaire vise à intégrer les migrants de retour aux systèmes d’aide sociale locaux en favorisant la compréhension et l’acceptation mutuelles et en luttant contre la stigmatisation des personnes de retour. Ces initiatives bénéficient aux personnes de retour en leur permettant de tisser des liens sociaux et en appuyant leur autonomisation. Elles bénéficient également aux communautés, en leur permettant de tirer des enseignements et des avantages du processus de réintégration des migrants.

Les migrants qui reviennent avec des troubles mentaux sont victimes d’une double stigmatisation : d’une part, elles doivent vivre avec les symptômes et incapacités résultant de leur situation ; de l’autre, elles sont confrontées aux préjugés de la population et, bien souvent, à ceux de leur famille et de leur communauté. L’aide psychosociale fournie par l’organisation responsable peut être plus efficace si elle fait participer la famille et la communauté, avant même le retour du migrant. Toutes les activités de mobilisation communautaire décrites dans la présente section peuvent également contribuer à lutter contre la stigmatisation des troubles mentaux. Il s’agit notamment de fournir des informations sur la santé mentale et de favoriser les relations avec les personnes de retour concernées. Pour une description détaillée des mesures de soutien psychosocial pouvant être apportées aux niveaux individuel, familial et communautaire, voir l’annexe 1.

Le présent chapitre donne un aperçu détaillé des différentes méthodes d’aide à la réintégration psychosociale au niveau communautaire.

  • 3.5.1 Activités de mobilisation communautaire
  • 3.5.2 Mécanismes de soutien par les pairs
  • 3.5.3 Community networks

3.5.1 Activités de mobilisation communautaire

Toutes les activités relevant de l’aide à la réintégration psychosociale au niveau. communautaire œuvrent en faveur de l’objectif plus large de la mobilisation. communautaire.

La mobilisation communautaire vise à promouvoir l’inclusion des personnes de retour ainsi qu’une attitude positive à l’égard de leur réintégration, en luttant contre le risque de stigmatisation. Dans le cadre des activités de sensibilisation, les membres de la communauté, des associations ou des organismes planifient et mènent des activités participatives, de leur propre initiative ou à l’instigation d’autres acteurs. Ces activités comprennent notamment les processus suivants : mener des campagnes de sensibilisation et de renforcement de l’engagement ; donner aux membres de la communauté la possibilité de remettre en question leurs convictions, comportements et pratiques actuelles ; établir des priorités ; chercher la meilleure manière de faire face à leurs problèmes, de mettre en œuvre leurs projets et de suivre leurs progrès ; évaluer les résultats. En participant à ce processus, les communautés créent les structures et relations organisationnelles nécessaires. Les migrants de retour développent leurs réseaux d’appui social, ce qui leur permet de réduire les facteurs de tension et d’améliorer d’autres aspects de leur vie.

En ce qui concerne la mobilisation communautaire dans le cadre de l’aide psychosociale, trois types d’interventions au niveau communautaire sont présentées dans cette section :

  • La facilitation des mécanismes et systèmes de soutien par les pairs ;

  • La présentation des structures culturelles, de loisir et artistiques recensées aux migrants de retour ainsi que l’appui à ces structures ;

  • La promotion des manifestations et processus qui améliorent la perception sociale des personnes de retour.

Tip-icon Created with Sketch. CONSEIL

Pour instaurer la confiance et réduire les conflits au sein des groupes, la méthode « mon histoire » constitue une technique efficace. Dans le cadre de cette méthode, les membres du groupe écrivent une brève histoire sur eux-mêmes d’après une série de questions personnelles (par exemple : êtes-vous organisé ou désordonné ? Quelles activités physiques appréciez-vous ? Quels sont vos passe-temps ?) et présentent leur récit à des partenaires ou à l’ensemble du groupe. Ces exercices favorisent la confiance et la convivialité dans un environnement qui favorise la franchise et les échanges d’informations.

Turner, J. and Y. Kim.

2005 Learning About Building Literacy Communities in Multicultural and Multilingual Classrooms , Literacy Teaching and Learning, 10 (1), p. 21-41

Voir également :

Huddy, S.

2015 Vulnerability In The Classroom: Instructor’s Ability To Build Trust Impacts The Student’s Learning Experience, International Journal of Education Research, 10 (2).

3.5.2 Mécanismes de soutien par les pairs

Les mécanismes de soutien par les pairs utilisent les ressources et capacités de la communauté locale (y compris des personnes de retour) pour mettre en place des réseaux permettant de faire face à la réintégration ou à d’autres problèmes. Parce que ces mécanismes s’appuient sur les ressources existantes, non seulement l’aide fournie est adaptée à la communauté locale, mais elle est susceptible de perdurer même après l’échéance du programme.

Mentorat 

Cette approche est fondée sur une relation positive entre deux pairs ayant vécu des expériences similaires, par exemple un migrant qui vient de rentrer dans son pays d’origine et un ancien migrant originaire du même lieu. Il s’agit d’une forme d’aide psychosociale propice à l’autonomisation, qui passe par des activités de formation organisées.

Les anciens migrants dont la réintégration a été particulièrement réussie, les personnes qui participent à la vie de la communauté ou celles qui ont une expérience spécifique (par exemple, en tant que travailleurs sociaux ou enseignants) peuvent être des mentors. Ces mentors font office de réseau de soutien informel pour les migrants qui viennent de rentrer dans leur pays d’origine. Ils peuvent les aider à faire face aux difficultés du retour ou simplement leur servir de point de référence.

Un réseau de mentors peut être créé, officialisé et appuyé par des réunions annuelles et des séances de formation, comme celle décrite ci-après. Au cours des consultations individuelles, les personnes de retour devraient être orientées vers le réseau de mentors lorsque cela est possible et approprié.

➔ Ce qu’EST un mentor

Un mentor est généralement un bénévole disposé à aider un migrant à trouver ses repères dans le contexte du retour, ce qui réduit son isolement. Il s’agit d’une personne qui peut comprendre l’expérience des migrants de retour parce qu’elle a vécu des expériences similaires, et qui a reçu une formation pour remplir ce rôle. Un mentor peut également être un membre de la collectivité qui n’a pas émigré, mais qui connaît les besoins des personnes de retour et les possibilités qui s’offrent à elles.

➔ Ce qu’un mentor n’est PAS

Un mentor n’est pas un chargé de dossier : il agit de manière plus informelle. Les mentors ne sont pas des responsables, parce qu’ils n’assurent pas la direction ou le suivi de la réintégration des migrants.

Fonction d’un mentor: Le mentor aide les migrants qui viennent de rentrer à résoudre des problèmes pratiques, par exemple en leur donnant des renseignements sur les services, procédures ou formalités, partant du principe que le pays a probablement changé et que les personnes de retour ont besoin d’être orientées. S’appuyant sur sa propre expérience, le mentor encourage le migrant de retour à faire preuve de dynamisme et contribue à réduire les barrières sociales à la réintégration.

➔ Formation d’un mentor

Un mentor doit faire preuve de sensibilité, d’empathie et de disponibilité, mais également recevoir une formation portant notamment sur les éléments suivants :

  • Les types d’activités que les mentors et les personnes de retour peuvent mener ensemble ;

  • Les techniques d’écoute efficaces (voir l’annexe 1.A) ;

  • Comment gérer les attentes et s’y adapter ;

  • Comment encourager l’égalité et les relations respectueuses ;

  • Comment orienter les migrants de retour vers un service ou organisme d’aide ;

  • Comment donner les premiers soins psychologiques (voir Annexe 1.C) ;

  • Comment mettre fin à la relation mentor-bénéficiaire.

➔ Comment mettre en place une approche de mentorat efficace

Avec l’appui des organisations, communautés et autorités locales, l’organisation principalement chargée de la réintégration peut mettre en place une approche de mentorat efficace :

  • En rencontrant les responsables locaux ou, si possible, les communautés locales lors de manifestations collectives afin d’expliquer le rôle des mentors et sa valeur ;

  • En faisant appel à des bénévoles, de préférence parmi les anciens migrants qui ont déjà bénéficié de l’aide des organisations ou entités responsables. Dans la mesure du possible, il faudrait recruter des bénévoles des deux sexes  

  • En organisant une formation officielle sur le mentorat, couvrant les sujets décrits précédemment. Cela consiste généralement en une période de formation initiale de deux jours et des cours de perfectionnement annuels ;

  • En organisant des séances de suivi régulières avec les mentors, afin que ceux-ci puissent donner leur point de vue, aborder les problèmes les plus courants et demander des solutions ;

  • En aidant les migrants de retour à répondre à leurs besoins affectifs ;

  • En évaluant cette approche de façon régulière au moyen d’entretiens avec les migrants de retour à la fin du cycle de mentorat.

➔ Groupes de soutien par les pairs

Les groupes de soutien par les pairs sont une forme de groupe d’appui consolidé où des individus ayant des expériences de vie similaires interagissent et créent des liens utiles. Dans le contexte de la réintégration, ces expériences similaires partagées par les membres du groupe sont liées à la migration. En ce sens, les groupes de soutien par les pairs constituent un réseau d’aide sociale, affective, physique et concrète, qui peut permettre aux migrants de retour de sentir qu’ils appartiennent à un groupe, de surmonter le sentiment d’isolement social et de créer des liens avec leur communauté. En fonction du contexte, il faut se demander s’il est approprié ou préférable de constituer des groupes mixtes ou par sexe.

Des groupes de pairs peuvent se former spontanément, mais ils peuvent également être envisagés et structurés dans le cadre d’un programme. Un groupe structuré de soutien par les pairs :

  • Effectue une à six réunions initiales d’une heure chacune, que le groupe peut décider de prolonger pendant un an au maximum ;

  • Comprend idéalement 8 à 20 participants. Même si, de manière générale, les nouveaux arrivants ne devraient pas être intégrés dans les groupes existants mais créer de nouveaux groupes, cela peut changer en fonction des distances géographiques et des obligations existantes ;

  • Comprend un animateur expérimenté : il peut s’agir d’un professionnel ou d’un migrant de retour qui a été formé à animer les groupes de soutien par les pairs ;

  • Des renseignements sur le groupe de soutien par les pairs doivent être communiqués aux migrants de retour lors des séances de consultation ;

  • Les responsables communautaires et les pairs doivent recevoir des informations sur le groupe et, dans la mesure du possible, participer à ses activités. L’approbation de ces responsables est pour cela nécessaire ;

  • Des séances de suivi doivent être organisées en fonction de l’intérêt et de la disponibilité du groupe.

Les objectifs des réunions d’un groupe de soutien par les pairs sont les suivants : échanger des données d’expérience ; discuter du retour, de la réintégration et de sujets connexes ; donner et recevoir un appui.31

 

Created with Sketch. Étude de cas

Étude de cas n° 11: Groupes de migrants de retour au Sri Lanka

Au Sri Lanka, de nombreux migrants de retour ont vécu à l’étranger pendant une longue période et n’ont que peu de liens avec les fournisseurs, entrepreneurs et entreprises au sein de leur communauté. Cela peut compromettre la viabilité de leurs entreprises.

Depuis 2007, le bureau de l’OIM au Sri Lanka a noué un partenariat avec l’organisation à but non lucratif CEFE NET Sri Lanka pour dispenser des formations axées sur le développement des compétences commerciales à des migrants revenant de différents pays et recevant une aide dans le cadre de divers projets.

Très interactif, ce programme de formation est conçu pour pouvoir s’adapter aux besoins, à la situation et aux compétences des migrants de retour. Il accompagne ces derniers tout au long des phases de création et de développement des entreprises, en associant un ensemble de cours de développement des compétences à un appui pratique. Les cours sont dispensés par groupe de 20 à 30 migrants de retour.

Ce programme a récemment été renforcé pour aider les migrants de retour travaillant dans des entreprises similaires à former des groupes. Ces groupes aident les personnes de retour à développer leur capital social et leur réseau de pairs dans le cadre de réunions périodiques et de mécanismes de collaboration. À Jaffna, par exemple, les groupes qui œuvrent dans l’agriculture et les transports travaillent en étroite collaboration, assurant ensemble le transport et la vente de produits agricoles. L’appartenance à un groupe apporte des avantages économiques directs, tels que des économies d’échelle lors de l’achat commun de biens ou de services, une meilleure position lors des négociations avec les organisations de producteurs ou les établissements de crédit, ainsi que l’échange de conseils concernant la gestion des entreprises et la dynamique du marché. Les groupes constituent également un mécanisme de suivi permettant d’atténuer les risques d’isolement dès lors que l’assistance prend fin. Ils contribuent ainsi à la durabilité des entreprises.

Les chefs de groupe et leurs adjoints, élus par les membres du groupe pour une période de 12 mois, reçoivent une formation spéciale pour améliorer leurs compétences en matière d’encadrement ainsi que leurs connaissances sur la manière d’établir des relations avec les fournisseurs et les partenaires commerciaux, de maintenir un bon esprit d’équipe chez les membres et d’aider les membres du groupe à faire face à des difficultés particulières. L’OIM assure un suivi régulier des membres du groupe par l’intermédiaire des médias sociaux et des applications de messagerie.

Created with Sketch. Conseil utile
  • Cibler les zones où un grand nombre de migrants reviennent et ont des intérêts commerciaux communs.

3.5.3 Réseaux communautaires

L’expression culturelle, artistique et physique peut largement aider les migrants de retour et les communautés à créer ou améliorer des liens sociaux et lutter contre la stigmatisation sociale lors du processus de réintégration. Ces interventions partent du principe que l’expérience migratoire a modifié la culture de la personne de retour et lui a apporté de nouvelles expériences, connaissances et compétences, et que partager ces acquis peut l’aider à créer des réseaux communautaires plus solides. La narration, le théâtre, les arts visuels, la musique, la danse et le sport peuvent être de puissants vecteurs de partage. Ils peuvent avoir une forte incidence sur la réintégration, la cohésion sociale et le bien-être des individus.

Au niveau individuel, ces activités aident à réduire le stress et l’anxiété et favorisent la confiance et la conscience de soi. Elles peuvent créer des liens solides au sein d’un groupe de personnes et éliminer les obstacles en permettant d’aborder des questions difficiles dans un lieu sûr et au moyen de métaphores. Au niveau de la communauté, les arts d’expression peuvent donner une image positive des migrants de retour et permettre de mieux les comprendre. Il est donc important que le chargé de dossier :

  • Recense, dans les communautés où reviennent les migrants, les réseaux formels et informels existants dans les domaines du théâtre, des arts visuels, de la musique, de la danse, des sports et les autres groupes centrés sur un intérêt commun ;

  • Sensibilise ces groupes et acteurs en leur donnant des informations sur les besoins des migrants de retour et les ressources créatives qu’ils pourraient apporter ;

  • Recense, lors des consultations, les personnes de retour qui pourraient avoir un intérêt pour les activités créatives ;

  • Oriente les personnes de retour vers ces groupes, en fonction de leurs intérêts ;

  • Recense les formes d’appui aux initiatives créatives qui incluent les migrants de retour, au moyen de subventions, de publicité, etc..

Seule ou en s’appuyant sur les partenariats établis grâce aux mécanismes d’orientation, l’organisation principalement chargée de la réintégration peut appuyer les manifestations (expositions, lectures, activités axées sur la narration, spectacles, manifestations sportives) qui permettent aux migrants de retour et aux membres de la communauté d’exprimer leur créativité. Par exemple, les jeux sportifs faisant participer migrants de retour et non-migrants rassemblent non seulement les joueurs, mais aussi la communauté qui vient y assister. Pour savoir quelles initiatives soutenir, il peut être utile de connaître les préférences locales en matière d’activités culturelles, artistiques et physiques.

Activités axées sur la narration

La narration est un outil efficace pour mobiliser les communautés et promouvoir la cohésion sociale en vue de la réintégration des migrants de retour. Il s’agit de la manière la plus simple et la plus ancienne de partager des histoires ; elle a un impact émotionnel tant sur les narrateurs que sur les auditeurs. Les histoires qui racontent une expérience vécue favorisent la compréhension et ont le pouvoir d’unir les gens qui écoutent. Elles réveillent des émotions profondes et bénéficient à tous les participants : ce n’est pas seulement l’auditeur qui apprend, mais également le narrateur, qui prend conscience de la valeur de son expérience et de son vécu uniques.

La narration peut être structurée comme une manifestation ou une activité de groupe faisant participer les migrants de retour, leur famille et leur communauté. Si elles le souhaitent, les personnes de retour peuvent parler non seulement des obstacles qu’elles ont rencontrés, mais également du courage, des compétences et des enseignements qu’elles ont tirés de leur expérience et dont elles peuvent faire profiter leur communauté.

La narration peut être verbale, sous la forme d’une vidéo ou d’une lecture. Un animateur peut aider les migrants de retour à combiner leurs récits dans différentes histoires qui seront présentées au public. Les médias numériques ont une influence croissante sur la perception et les résultats des processus de migration ; ils permettent de diffuser facilement des messages auprès d’un large public. Un récit numérique, avec la diffusion d’images, de sons, de musique et de voix n’exige pas de connaissances ou compétences techniques considérables, et peut offrir aux migrants de retour et à leur communauté la possibilité d’apprendre de nouvelles compétences. Un laboratoire de narration numérique peut réunir les membres de la communauté et des migrants de retour, renforçant ainsi la cohésion sociale. En associant l’art de la narration à l’exercice de la quête de sens grâce à la création d’images, chaque migrant de retour peut se remémorer, reconstituer et mettre en scène son histoire.

Mettre en scène l’expérience des migrants de retour

La mise en scène des expériences des migrants de retour dans des pièces écrites et jouées par les migrants eux-mêmes est une forme de soutien psychosocial et un outil de mobilisation communautaire. Cette activité permet aux intéressés de devenir des protagonistes de leur propre histoire. Elle renforce leur sentiment de maîtrise et leur permet de se sentir moins vulnérables ; elle peut également avoir un effet sur l’auditoire en modifiant sa perception de la migration de retour. Sous la direction d’un dramaturge et d’un metteur en scène, ces ateliers d’écriture et de théâtre permettent de favoriser la cohésion sociale et de faciliter la réintégration.

Théâtre-forum

La mise en scène des expériences des migrants de retour peut également s’inspirer du théâtre-forum. Cette technique consiste à présenter, au moyen d’une scène de théâtre, un problème non résolu qui affecte une personne ; les spectateurs participent activement à la représentation. La scène est jouée à deux reprises. Lors de la deuxième représentation, animée par un présentateur ou un humoriste (qui est également expert à modérer les conflits), chaque spectateur peut arrêter la scène dès qu’il le souhaite, s’avancer et prendre la place du personnage opprimé, en montrant comment il pourrait changer la situation pour parvenir à un autre dénouement. La dynamique scénique, qui brise les barrières entre acteurs et spectateurs, est puissante et toutes les personnes présentes en sont transformées. En outre, elle peut faire naître des solutions communes et concrètes à des problèmes généraux.

La scène jouée est généralement le fruit d’un atelier de quelques jours regroupant des personnes qui ont vécu des situations similaires, telles que des migrants de retour. Mettre en scène les problèmes auxquels sont confrontées les personnes de retour au moyen du théâtre-forum peut sensibiliser les communautés à ces problèmes et aider les intéressés et leur communauté à créer des liens et à trouver des solutions de manière créative et participative.

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Étude de cas n° 12 : Dialogue avec la famille et la communauté au Ghana

Depuis 2016, le bureau de l’OIM au Ghana organise des groupes de discussion pour sensibiliser les membres de la communauté et de la famille des migrants aux problèmes rencontrés par ces derniers à leur retour, afin qu’ils puissent jouer un rôle constructif dans leur réintégration et éviter de contribuer à leur stigmatisation, leur marginalisation et leur isolement.

Il s’agit de petits groupes d’environ 20 personnes, dont des leaders d’opinion, des personnes de retour, des membres de leur famille et de leur communauté. Les séances commencent généralement par un bref exposé d’un membre du personnel de l’OIM sur les raisons de la réunion et les attentes relatives à celle-ci. Si cela est approprié, des informations générales sur les difficultés communément rencontrées par les migrants de retour sont présentées, telles qu’une expérience pénible de la migration, le fait de rentrer les mains vides ou le sentiment d’avoir déçu leur famille et leur communauté. Des questions permettant d’orienter la discussion vers les sujets d’intérêt sont posées au groupe. Si les migrants de retour le souhaitent, ils racontent leur expérience.

Ces échanges peuvent permettre une meilleure compréhension des problèmes de réintégration auxquels se heurtent les personnes de retour. Les groupes de discussion donnent à la famille et à la communauté une idée plus claire de l’aide qu’ils peuvent apporter à leurs pairs ou aux membres de leur famille. Les discussions sont également l’occasion de réfléchir aux préjugés inconscients susceptibles d’entraver la réintégration. Les migrants de retour étant invités à exprimer librement leurs émotions et à raconter ce qu’ils ont vécu à leur famille et leur communauté, ces groupes de discussion ont également une fonction cathartique et peuvent aider les migrants à renouer avec leur milieu social.

Des émissions radiophoniques aident à faire connaître les groupes de discussion. La participation des leaders d’opinion et des autorités locales renforce également l’appropriation locale de ces activités.

Created with Sketch. Conseil utile
  • Organiser les groupes de discussion dans des zones à forte circulation ou dans des lieux visibles et facilement accessibles.

31 Pour en savoir plus sur la manière d’organiser ces groupes, prière de se référer au guide ci-après : www.mind.org.uk/media/17944275/ peer-support-toolkit-final.pdf (en anglais seulement).