Module 3: AIDE À LA RÉINTÉGRATION AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE

3.1 Définir et mobiliser la communauté

La présente section s’attache à définir ce qu’est une communauté et fournit des directives permettant de favoriser une approche participative des projets communautaires.

Définition d’une communauté

Une approche participative

Pour concevoir un projet à l’échelle de la communauté dans un contexte donné, il est crucial de définir ce qui constitue cette « communauté » – une tâche qui n’est pas toujours simple. Aux fins du présent manuel, nous définirons ainsi la communauté : un « ensemble de personnes qui interagissent régulièrement les unes avec les autres, à l’intérieur d’un territoire géographique donné, et qui ont tendance à partager des valeurs, des croyances et des attitudes communes »28. La définition d’une communauté dépend du contexte, des conditions sociales, culturelles, économiques et politiques ainsi que des tendances locales en matière de migration.

L’approche « écosystème » peut être un moyen de définir ce qu’est une communauté29. Cette approche tient compte du fait que chaque personne de retour existe au sein d’un système d’acteurs qui interagissent les uns avec les autres, et qui peuvent contribuer ou faire obstacle à la réintégration.

Pour identifier la communauté d’un migrant de retour, des recherches qualitatives, notamment grâce à des entretiens en face à face ou à des groupes de réflexion, peuvent être effectuées pour savoir quelles institutions, organisations ou personnes sont considérées comme influentes dans une zone géographique donnée. Une fois ces acteurs recensés, des informateurs clés (tels que les chefs religieux, les autorités locales, les chefs des organisations communautaires, les notables ou autres) peuvent être intégrés aux groupes de réflexion concernant les effets du retour et de la réintégration sur la communauté, et éventuellement donner leur point de vue sur l’aide au niveau local.

3.2

Il faut toujours recourir à une approche participative pour évaluer et mobiliser la communauté, en consultant les migrants, leur famille et la communauté dans laquelle ils retournent. La participation de ces acteurs (c’est- à-dire leur implication personnelle dans les évaluations et la prise de décisions relatives à la réintégration) peut accroître leur sentiment d’autonomie, leur indépendance et leur appropriation des projets. Cette approche tient compte du fait que ces parties prenantes connaissent les besoins locaux en matière de développement et d’environnement, et ont un point de vue unique sur la façon de rendre la réintégration plus durable.

Pour que le processus soit collaboratif, il est nécessaire d’organiser des groupes de réflexion avec un large éventail d’informateurs clés dans le cadre des évaluations de la communauté et de la prise de décisions relatives aux projets de réintégration. Au cours de ces discussions de groupe, il faut expliquer clairement les processus et objectifs des projets et répondre à toutes les questions afin de gérer les attentes.

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Inclusivité et prise en compte des conflits dans le cadre de la mobilisation communautaire

Au moment de faire participer la communauté, il est important de connaître les conflits existants et de savoir si des groupes sont marginalisés. Si ces problèmes sont ignorés, le processus risque d’exacerber ces problèmes en excluant les groupes déjà marginalisés ou en renforçant des dynamiques de pouvoir négatives. Il est donc important de tout faire pour que différents points de vue soient représentés lors des processus d’évaluation et de participation.

Rendre les approches participatives plus inclusives

➔ Se poser les questions suivantes : qui a besoin de participer au processus ? Qui a une contribution positive à apporter ? Qui est susceptible de créer des difficultés ?

➔ Recenser toutes les parties prenantes concernées, ainsi que les difficultés ou obstacles potentiels à leur participation.

➔ Interroger les informateurs clés, directement, en allant les chercher.

➔ Déterminer les déséquilibres de pouvoir entre les parties prenantes. Qui est susceptible d’avoir le moins de pouvoir ? Les femmes ? Les enfants et les jeunes ? Les personnes handicapées ? Les personnes les moins instruites ? Créer des possibilités de participation supplémentaires pour ces groupes.

➔ Organiser des forums et groupes de discussion à des dates et dans des lieux commodes pour les participants que l’on entend le moins, ou leur proposer des réunions séparées ou privées si possible.

➔ Donner aux participants la possibilité de donner leur point de vue de façon anonyme, ou dans des lieux qui favorisent la confiance et la franchise.

28 IOM Handbook on Protection and Assistance to Migrants Vulnerable to Violence, Exploitation and Abuse (2019).

29 On trouvera de plus amples informations sur l’approche « écosystème » dans le contexte de la réintégration dans le document Setting standards for an integrated approach to reintegration (Samuel Hall/OIM, 2017), mandaté par l’OIM et financé par le DFID.